Les atouts écologiques de la viticulture biologique : comprendre l’impact sur la planète

21 février 2025

Des sols vivants et préservés

Commençons par ce qui constitue la vie même d’un vignoble : le sol. Dans une viticulture conventionnelle, les pratiques incluent souvent l’usage intensif d’engrais chimiques et de désherbants. Ces produits, bien que efficaces à court terme, ont un impact désastreux sur la santé des sols. Ils détruisent la biodiversité et appauvrissent la matière organique, transformant petit à petit des terres fertiles en sols “morts”.

À l’inverse, en viticulture biologique (et c’est également le cas pour la biodynamie), la santé du sol est centrale. On mise sur les engrais naturels, comme le compost ou le fumier, et sur des pratiques qui favorisent le développement de la microfaune et la flore. En Alsace, il n’est pas rare de croiser des rangées de vignes où des semis d’engrais verts, comme la luzerne ou les trèfles, couvrent le sol entre les ceps. Ces plantes enrichissent le sol en azote, le protègent contre l’érosion et participent au maintien de la biodiversité.

Selon une étude publiée par ScienceDirect, les sols cultivés en bio contiennent, en moyenne, 50 % plus de matière organique que ceux cultivés en conventionnel. Cela signifie qu’ils stockent mieux le carbone et contribuent activement à la lutte contre le réchauffement climatique. La vigne bio, avec ses sols riches et vivants, agit donc comme un allié précieux face aux enjeux environnementaux actuels.

Une biodiversité réhabilitée dans les vignes

Quand je dis à des visiteurs que la biodiversité est une alliée incontournable dans les vignes, je vois souvent des regards étonnés. Pourtant, le lien est évident ! Les vignobles biologiques, en bannissant insecticides et herbicides, offrent un refuge à de nombreux insectes, oiseaux et plantes qui sont souvent chassés par les traitements conventionnels.

Dans mes parcelles, je m’attarde parfois à observer ces petits habitants discrets : les coccinelles, qui aident à contrôler naturellement les pucerons, ou encore les abeilles, essentielles à la pollinisation. Les vignes bio favorisent la cohabitation avec cette faune utile. D’ailleurs, saviez-vous qu’un vignoble en culture conventionnelle peut héberger jusqu’à 30 % d’espèces en moins qu’un vignoble en bio ? Ces chiffres, qui proviennent d’une étude menée par l’Université de Cambridge, mettent en lumière l’importance de nos pratiques agricoles dans la préservation des écosystèmes locaux.

Mais il n’y a pas que la faune : la végétation autour des vignes joue également un rôle clé. En Alsace, les haies, bosquets et bandes enherbées autour des vignobles biologiques forment une mosaïque de paysages, idéale pour la faune locale et essentielle à la stabilisation des sols.

Moins de produits chimiques dans les sols, l’air et l’eau

Un autre point fondamental de la viticulture biologique est l’interdiction stricte des pesticides de synthèse. En agriculture conventionnelle, ces produits sont largement répandus, mais ils ne se limitent pas aux zones traitées : ils se diffusent dans l’air, contaminent les nappes phréatiques et, parfois, se retrouvent dans nos rivières.

Cela me rappelle un point marquant : en Alsace, la nappe phréatique rhénane, l'une des plus importantes d’Europe, est une ressource précieuse pour notre région et bien au-delà. Des études menées par l’INRAE ont montré que les résidus de produits phytosanitaires peuvent y persister pendant des décennies ! La viticulture biologique, en n’utilisant que des produits naturels comme le soufre ou le cuivre (et en les dosant modérément), limite drastiquement cette pollution.

Et puis, il y a aussi nous, les vignerons. Respirer ou manipuler ces produits chimiques peut avoir des conséquences graves sur la santé. Travailler en bio, c’est aussi choisir un cadre de vie et de travail plus sain pour nous et nos familles.

Un rôle clé dans l’adaptation au changement climatique

Le changement climatique est sur toutes les lèvres, et pour cause : il impacte directement la vigne. Hausses des températures, printemps précoces suivis de gelées tardives, intensification des événements climatiques… Nos terroirs sont soumis à rude épreuve.

Dans ce contexte, la viticulture biologique s’avère un atout. D’abord parce que les sols vivants retiennent mieux l’eau, essentielle face aux sécheresses de plus en plus fréquentes. Ensuite, parce que la biodiversité restaurée dans nos vignes joue un rôle d’équilibre face à ces aléas.

Mais surtout, un vignoble bio capte davantage de carbone dans l’atmosphère. Selon une étude publiée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), les pratiques biologiques, en favorisant la matière organique et en limitant les labours profonds, permettent un stockage de carbone plus efficace que la viticulture conventionnelle.

Une démarche responsable, mais pas sans défis

Travailler en bio est une belle aventure, mais elle n’est pas sans défis. Les maladies comme le mildiou ou l’oïdium restent de véritables épreuves, surtout lorsque les printemps sont humides et prolongés. Le cuivre, bien qu’autorisé en bio, doit être utilisé avec parcimonie pour éviter d'accumuler des résidus dans les sols. De plus, la charge de travail est bien supérieure : des passages mécaniques pour l’enherbement au suivi minutieux des traitements, rien n’est laissé au hasard.

Mais tous ces efforts en valent la peine. Pourquoi ? Parce que la viticulture biologique est plus qu’une méthode. C’est une vision d’avenir, un choix éthique et une manière de contribuer à un monde plus respectueux du vivant.

Et demain ? L’élan pour une viticulture toujours plus durable

Mon chemin vers l’agriculture biologique a été ponctué de découvertes et de remises en question. Mais chaque saison dans les vignes m’a convaincue d’une chose : il existe encore beaucoup à apprendre et à faire. La réglementation européenne évolue, les consommateurs sont de plus en plus sensibles à ces questions, et de nouvelles solutions émergent, comme l’agroforesterie ou les couverts végétaux permanents.

Pour vous, amateurs de vins, choisir un vin bio n’est pas qu’une question de goût (même si, soyons honnêtes, ces vins regorgent de complexité et de caractère !). C’est un acte citoyen. Vous encouragez une agriculture respectueuse de l’environnement, et votre choix fait la différence. Alors, la prochaine fois que vous choisissez une bouteille, pensez à ce que vous soutenez au-delà de la cuvée.

À bientôt dans les vignes, Mathilde

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